Sur la base du volontariat.
Jeudi 20 août 2009J’aimerais ne pas avoir à aller faire mes courses dans les supermarchés. Bien au-delà du fait que ces endroits me posent des problèmes d’ordre éthique ou socio-économique.
Quand j’étais un peu plus jeune et que j’habitais encore chez les douces personnes ayant contribué à mon arrivée dans ce monde sordide et déliquescent, il nous arrivait parfois de nous rendre en vacances dans le nord de la France, au Havre ou à Lille, et j’aurais sans doute l’occasion de te parler plus amplement de ces deux villes, - je te dis tu car tu es probablement le seul à te rendre quasi-quotidiennement sur ce blog, ce qui déjà pas mal mais, tu en conviendras, largement insuffisant – , en passant obligatoirement par les confins de la Basse-Normandie. Ce devint bientôt une tradition, elle avait pour décor cette ville neutre d’Avranches, nous nous arrêtions systématiquement dans un supermarché sis dans une zone commerciale médiocre. Cette tradition répondait à des nécessités d’ordre physiologique et hygiénique, correspondant à l’heure de manger, faire pipi, racheter des bonbons pour le voyage jusqu’au prochain arrêt. Ce supermarché un peu désuet entouré d’une galerie marchande pathétique était de taille réellement moyenne, voire complètement petite. Elle était toujours pratiquement vide, des gens en survêtement la parcouraient le regard vide, s’arrêtant mollement au magasin de gadgets ou bien à l’animalerie pour observer les oiseaux exotiques. Je suivais mes parents se ravitailler d’un pas plutôt alerte, mais au fond d’en-dedans de moi-même, je ressentais une insondable mélancolie. Elle disparaissait lorsqu’enfin remontés dans la Renault Espace bleue, nous abandonnions cet endroit nimbé d’une aura mystique, comme un endroit perdu dans le temps et l’espace, où il ne fallait pas rester plus d’un quart d’heure de peur d’y être emprisonné à jamais.
Bizarrement, le Simply Market de la place Léon Blum m’est complètement indifférent. J’aime à penser qu’avec un peu plus d’argent j’irais faire mes commissions au primeurs et au poissonnier du haut de la Roquette.
L’occasion m’est ainsi donnée de vous parler de Jean-Luc Châtel, bienheureux nouveau Ministre de l’Education, au visage parfaitement stupide. Lundi matin s’était-il rendu à l’Intermarché de Villeneuve-Le-Roi pour partir à la rencontre de délicieuses mamans faisant leurs courses de rentrée, dans le but de promouvoir la baisse des prix sur ces articles nécessaires mais certes parfois onéreux. Que n’a-t-il pas été surpris de voir le rayon des fournitures scolaires étonnamment bondé. De sémillantes dondons virevoltaient de part et d’autres des étalages et, mûes par un désir presque sexuel de témoigner de la bienveillance de leur Ministre quant à leur pénible tâche, avaient accroché à leur visage poudré médiocrement un sourire éminemment insupportable, et très étrangement enthousiastes à l’opération « les essentiels de la Rentrée » que Luc était censé promouvoir. Elles étaient finalement reparties, certaines parfois dans le même véhicule, après le départ du Ministre, laissant leur caddie en plan, dans le supermarché désert d’un lundi matin d’Août francilien.
La France est gérée telle une multinationale avec ses plans marketing, celui-ci n’en était qu’un de plus, malgré les vagues tentatives de Luc de se dédouaner sur France 3 et à la radio, même si Intermarché a fait savoir par le biais de sa direction que ces gentilles connasses avaient été gentiment priées de venir faire de la figuration. J’ai dans mon esprit l’atroce souvenir des images de Luc, à la tête de chien nauséeux, et de ces insipides naïades boudinées en habits bon marché, complaisantes, qu’il m’ait été donné le pouvoir d’avoir pu être sur place et je les aurais bien lattées à grands coups de compas et de double-décimètres Maped.
Malgré les insupportables rumeurs abjectes qui courent sur mon compte en ce moment, je suis bel et bien homosexuel. Mon orientation sexuelle ne concernant que moi, et, éventuellement mes amis proches avides d’anecdotes croquignolesques, je ne suis pas ce qu’on pourrait considérer comme une personne très active dans le « milieu », la « scène » gay. D’ailleurs ma dernière occurrence dans un bar gay m’a presque carrément donné envie de mourir, mais, soit, je suis un garçon tolérant, et même si je ne m’y reconnais pas, un pays avec une scène gay active est normalement un pays plutôt libéral en ce qui concerne l’acceptation des divers modes de vie. En ce qui concerne le mariage et l’adoption pour les gens de mon espèce, je me contrefous de l’un comme de l’autre, détestant l’engagement autant que les mouflets, même s’il me semble que dans un pays comme la France, ces questions auraient dues êtres réglées depuis un bon moment déjà. Regardez en Espagne, tout le monde s’imagine que là-bas ils se promènent tous avec un jambon sec sous le bras et brandissant un crucifix, n’empêche que les pédés reçoivent un peu plus de considération. Vous vous en foutez? Je sais, vous ne m’avez rien demandé, mais je vous le dis, c’est tout.
Ce qui est plutôt intéressant, c’est d’observer comment une chaîne de télévision connue pour son goût raffiné et la qualité de ses émissions se sert de l’homosexualité comme élément de divertissement.
On se rappelle de « Queer », cette fantabuleuse émission de relooking où un pauvre idiot ou une pauvre cruche moche, ringarde et mal fringuée était coachée par quatre fringants homosexuels parisiens, qui, c’est bien connu, en savent un max en matière de jolis vêtements, musique sympa, déco affriolante, bouffe goûtue. Cette émission nous venaient d’en-dedans des USA, et, soit dit en passant, « Queer » fait office de programme culturel face à d’autres reality-shows beaucoup plus fétides. Bref, déjà à l’époque, après m’être confronté une ou deux fois à ce spectacle pour le moins affligeant, j’avais confirmé en-dedans de ma tête à qui ce genre d’émission pouvait bien s’adresser. « Regarde-les, ces pédés, ils ont beau sucer des bites et s’en prendre plein le cul, ils lui ont changé sa vie à cette pauvre conne, elle avait les cheveux gras, collectionnait les t-shirt Titi et Grosminet, ben n’empêche que maintenant, elle a l’air vachement plus épanouie dans son salon Ikéa ».
Cet été, c’est au tour de mon Incroyable Fiancé d’être pédé. Enfin de faire semblant. Enfin d’après ce que j’ai compris, le pauvre cul de service n’est pas tout à fait au courant du principe de l’émission, pense qu’ils sont deux candidats, ils doivent faire croire à leurs parents respectifs qu’ils sont ensemble, mais en fait c’est bidon parce qu’ils peuvent gagner beaucoup d’euros, mais en fait l’un tombe réellement amoureux de l’autre, mais en fait c’est pas vrai car il est complice de la production, etc… J’ai cru comprendre que lors d’un repas, les parents du « vrai » candidat avaient l’air assez atterrés de réaliser que leur con de fils avait trouvé l’amour poilu et burné, ils en faisaient des caisses, le drame devait être assez horrible pour qu’il pète un peu plus les plombs.
En fait, le problème n’est pas d’utiliser l’homosexualité comme ressort divertissant, ou comique, d’une émission estivale destiné à un public plutôt jeune et un peu con. Ce qui est plutôt triste, c’est que ces émissions ne sont que la traduction du très bas de plafond « Moi les pédés, je m’en fous, mais qu’ils me laissent tranquille ». Voilà. Une version télévisée de cette phrase un peu beauf.
Je crois qu’il pleut. Et j’aime assez la pluie en été. Ca me rappelle Toulouse.
Sinon, en ce moment, au Nouveau Latina, on passe « Mariage à l’Italienne ». Venez, c’est frais, c’est drôle, et si vous me connaissez je pourrais éventuellement vous faire de doux baiser d’amour, car il est doux d’aimer.