Tous à la manif’ avec Victor!
Mardi 4 août 2009J’ai pu, in extremis, assister à ce que j’attendais depuis environ un an. A savoir le Festival du Bout du Monde. Un an, parce que depuis que j’en suis parti l’année dernière, je n’avais qu’une envie, c’était d’y retourner.
Quoi, allez, on a tous nos petits plaisirs, nos petites coutumes, et bien moi, mon pèlerinage, c’est à Lanvéoc, presqu’ile de Crozon, Finistère, chaque premier week-end d’Août.
J’aime aller y traîner mes vieilles ruines parmi le demi-millier de tentes Quechua 2 secondes, au bas mot, par camping. Cette année, c’était le numéro 9, chaque fois j’ai l’impression qu’il y en a un de plus. Je l’ai remarqué plus tard, mais sur le panneau indiquant sa direction, y avaient été peints de petits instruments, ça voulait sans doute dire qu’il ne fallait pas tellement compter pouvoir y dormir en toute quiétude. Le ballet des festivaliers, chargés de sacs plastiques, de caisses de bouffe, de boudins contenant leur sac de couchage, et la fameuse Quechua pliée dans le dos, allant et venant sur les chemins de terre jonchés de copeaux ou bien sur l’herbe sèche des parkings a quelque chose d’assez émouvant, le regard perdu parmi leur congénères, à la recherche d’un emplacement propice, où ils installeront leur précieux alcôve, en cercle, comme de petits villages primitifs au centre duquel, une fois tout installé, ils pourront partager liqueurs et résines, cérémonial indispensable avant de pouvoir se rendre sur le site des concerts.
En croisant petites roots hirsutes, grands dreadeux au regard approximatif, joyeux bouseux déjà raisins secs, couples bobos brestois accompagnés de leur progéniture en Kana Beach junior, j’aurais en temps normal envie de me sectionner l’aorte sur le champ, mais en ces circonstances, baignés par les odeurs d’herbe coupée, de pommes de terres chaudes, de Coreff ou de kebabs bretons, ils me donnent envie de leur communiquer mon amour, mais je garde la raison et mon énergie pour aller onduler près d’une des trois scènes d’où s’échappe de balkaniques sonorités, mon verre de mélange indéfinissable à la main, mais opportun.
Puis, la nuit tombant, il m’arrive d’intercepter vieilles connaissances dont je me fiche, avec lesquelles je discute, puis, mû par une excitation étrange, je vogue de groupe en groupe, pour crier, partager une anecdote, rigoler un peu. Après quelques va-et-vient à la tente pour reboire un coup, ou manger un sandwiche humide au pâté Leader Price, il faut assister au dernier concert, après que quelques individus m’aient confondu avec Rodolphe, de la pub Free. Il faudra que j’éclaircisse ce point…
Une délicieuse ambiance alter englobe ce festival, c’est l’un des aspects qui m’enchante. Il n’y a jamais eu de débordement depuis que j’y mets les pieds, à peine un haussement de voix entre deux raisins, mais tout le monde s’y mélange avec une facilité déconcertante, les rencontres vont bon train, on peut y manger des tartines de pain frais avec un verre de lait bio le dimanche matin, signer des pétitions soutenant de quelconques causes perdues, noter ses impressions sur un joli cahier après avoir crotté dans cette merveilleuse invention que sont les toilettes sèches, tenter de récupérer le gobelet de plastique collector de la Dixième édition. D’ailleurs, pour que moi je puisse y survivre, je vous laisse apprécier son caractère exceptionnellement tutélaire.
La fin, les visages marqués par peu d’heures de sommeil et beaucoup de litres ingurgités, chacun vaque à ses occupations, boit le dernier verre, prépare ses affaires, il faut voir l’extrême application qu’on y consacre pour pouvoir ranger ces tentes Décathlon, et s’asseoir pour observer les derniers reulous bourrés qui ajoutent à la complication de la tâche en venant s’en mêler. Il y a un petit pincement au coeur en s’en allant au parking, et, un dernier rire dans la voix, se remémorer les blagues ou informant ses camarades de ses exploits alcoolisés, ou de ses rencontres absurdes.
Oui, c’est l’âme mélancolique que je me prends à penser à l’année prochaine, sans même savoir qui viendra y chanter j’achèterai mes places dès le mois de janvier.
Cependant, et c’est un point que je tiens à exprimer, la prochaine fois, j’éviterai le LSD. Ou alors je me contenterai de la moitié d’un pernicieux buvard. Parce que vraiment, même si c’était très très sympa, il y en a que ça a vraiment fait beaucoup rigoler.